La Ville dit à la Campagne :
« Tu ne seras bientôt plus qu’un désert;
On te quitte, et pour cause; entre nous, à quoi sert
De t’abuser? La tristesse accompagne
Les pas de tous tes habitants ;
Tu seras veuve avant longtemps.
Quant à moi, chaque jour ma richesse s’augmente,
Mon enceinte élargie a peine à contenir
Ceux qui viennent chercher le lucre et le plaisir.
Je suis reine, mais toi tu n’es qu’une servante. »
La Campagne en ces mots confondit l’impudente : »
Sans moi, tu ne pourrais même vivre un seul jour :
Les biens dont tu jouis c’est moi qui te les donne ;
Ton luxe éblouissant n’éblouit plus personne.
Si quelques imprudents vont te, faire la cour,
Frustrés dans leur espoir, maudissant leur envie,
Découronnés, flétris, ils pleurent la patrie!
Je fais des vœux pour leur retour. »
“La Ville et la Campagne”