Quand les zéphyrs ramènent le printemps .
Quand tout renaît dans la nature ,
Et que l’on voit nos vallons et nos champs
Reprendre de nouveau leur brillante parure ,
L’abeille bourdonnant va cueillir sur les fleurs
De son nectar les exquises douceurs :
Un jour donc, de l’Hybla la savante ouvrière ,
Avec soin poursuivait ses utiles travaux,
Lorsqu’elle entend près d’elle une guêpe en colère ,
Exhalant son dépit à peu près en ces mots :
» Vous avez bien sujet de faire l’orgueilleuse,
» Avec ce miel qu’on dit être si doux !
» Madame , est-ce donc là pour l’emporter sur nous
» Une chose si précieuse ?
» Et puis ce miel , est-il à vous ?
» Ajoutait l’insecte jaloux.
« Non ; si l’on juge bien l’affaire,
» Vous devez à ces fleurs ce miel qu’on vante tant:
» Ce n’est pas un sujet, ma foi t d’être si fière !
» Et je ne puis souffrir vraiment
» Que l’orgueilleuse abeille ait sur nous l’avantage ,
» Et, que lorsqu’on me chasse, on la incite en honneur. »
L’abeille allait répondre à ce honteux langage ;
Une fourmi du voisinage
Se bâte de répondre avec un peu d’humeur :
« Çà ! laissez-nous travailler , je vous prie :
» Et sans vous enflammer d’un injuste courroux,
» De grâce, montrez-nous , ma mie ,
» Le doux miel que l’on fait chez vous. »
L’Abeille, la Guêpe et la Fourmi, par Paul D’Andigné, d’Angers.