Certain Agioteur,
Dont les malheurs publics augmentaient la dépense,
De billets au porteur
Voyait grossir son Porte-feuille immense.
Le soupçon, la cupidité ,
Sous sa main tenaient sa richesse.
Mais les revers sont près de la félicité. »
Il est de la sagesse,
Disait le Porte-feuille un jour.
S’adressant à notre homme,
» De placer tout au moins la moitié de ta somme,
» Carla Fortune, hélas! sait jouer plus d’un tour.
« Le désir d’amasser à chaque instant augmente,
Et ne peut jamais s’arrêter.
De ce conseil au lieu de profiter,
Il cédait toujours à sa pente.
Bientôt, par le plus grand malheur,
Le feu chez lui venant à prendre,
Brûla le Porte-feuille, et réduisit en cendre
Tous les biens de l’Agioteur.
Mortels, quand la Fortune un jour vient vous sourire,
Contr’elle assurez-vous de quelqu’abri certain;
Rien n’est stable dans son empire :
Ce qu’elle donne d’une main
Souvent de l’autre elle nous le retire.
“L’Agioteur et le Porte-feuille”