Parcourant les plaines de l’air,
Qu’agitaient un léger zéphire,
L’oiseau chéri de Jupiter
Parvint jusqu’au bord d’une mer
Qui sert de borne à son empire.
A peine eut-il fixé son vol
Sur cette malheureuse rive,
Qu’il entendit le rossignol
Et la tourterelle plaintive,
Et mille autres oiseaux encor,
Se plaindre ensemble de leur sort.
« Qui peut causer en ma présence,
Ce bruit qui m’étonne et m’offense,
Cria l’aigle, d’un ton de roi :
Oiseaux, ne voit-on pas en moi
La bonté jointe à la puissance ?
Ai-je fait une seule loi
Qui n’atteste ma bienfaisance ? »
« Ah ! Sire, répondit soudain
Le nombreux et timide essaim,
Vos lois, par l’équité dictées,
Feraient le bonheur de nos jours ;
Si, dans nos lointaines contrées,
Elles n’étaient exécutées
Par des hiboux et des vautours. »
“L’Aigle et les Oiseaux”