Sur la pointe d’un roc escarpé, solitaire,
Et dominant au loin tous les monts d’alentour,
Un Aigle avait placé son aire
Sous les regards du Dieu du jour.
Son vol l’y ramenait, quand un oiseau de plaine,
L’accostant au milieu des airs,
Lui dit : A quel dessein prenez-vous tant de peine?
Et pourquoi nichez-vous sur des rochers déserts ?
Dans leur demeure aérienne ,
Vos Aiglons, encor délicats,
Sont, sans doute, exposés à la bise, aux frimas.
Logez-les à l’abri d’un sapin où d’un chêne;
Ils s’en porteront mieux. Ne l’imaginez pas,
Répondit l’Aigle altier. Ma race, à peine née,
Doit pressentir déjà sa haute destinée.
Aiglons audacieux, pourriez-vous, d’un vol sûr,
Franchir les cieux, atteindre à leur voûte d’azur,
Voir le soleil en face, et braver le tonnerre,
Si je vous élevais à ramper sur la terre ?
“L’Aigle et ses Petits”