Gardez-vous bien, jeunes fillettes,
De trop fatiguer vos miroirs ;
C’est très-grand mal d’être coquettes,
Car frais atours, riches toilettes,
Mènent à l’oubli des devoirs.
Une alouette au beau corsage
S’ébattait dans un champ de blé;
Un vieux chasseur du voisinage
Dans ce champ tendit son filet ;
Au milieu des semis certain cristal mobile
Brillait aux rayons du soleil ;
Le chasseur, d’une main habile,
Faisait mouvoir de loin le trompeur appareil.
Notre alouette,
Un peu coquette,
Venait se mirer en chantant,
Voletait, et d’un air content disait :
Comme je suis bien faite !
Qui peut se comparer à moi ?
Les jolis yeux ! le beau plumage !
On chercherait longtemps, ma foi,
Ma rivale dans le bocage ;
Heureux qui sera mon amant !…
Elle en aurait dit davantage ;
Mais le filet, se refermant,
Mit fin à tout ce caquetage.
“L’Alouette”