Jean-Jacques Porchat-Bressenel
Un amandier sur mon rivage Disait :
C’est languir trop longtemps :
Avril s’approche, et je prétends
Qu’il me trouve en fleur au passage.
Tous mes voisins dans le sommeil
Sont plongés sous l’écorce dure;
Le premier je veux au soleil
Etaler ma blanche parure.
Il dit; ses bourgeons rougissants
Déjà s’ouvraient, gonflés de sève,
Mais du nord un vent froid se lève
Et flétrit ses boutons naissants.
Voilà bien le jeune poète!
Faut-il qu’une démangeaison
De briller avant la saison
Nous réveille et nous inquiète?
Fruit tardif vaut mieux que primeur.
Pourquoi sitôt? Quel taon nous pique?
À peine on sort de rhétorique,
On court déjà chez l’imprimeur.
“L’Amandier”
- Jean-Jacques Porchat-Bressenel 1800 – 1864