Du temps que les bêtes lisoient;
( Ce temps est plus voisin du nôtre qu’on ne pense )
Un âne avoir appris qu’aux gens qui voyageoient,
Le Ciel accordoit la science.
Le voilà cheminant & par monts & par vaux,
Trotant, courant d’un pas agile,
Toujours en des sentiers nouveaux.
Où vas-tu , dit un bœuf qui trouva l’imbécille ?
Je voyage.. Toi ? Pourquoi non ?
Les voyages font l’homme habile.
Tais-toi, mon pauvre aliboron,
Reprit le bœuf, ton erreur est extrême ;
Si tu n’observes pas , si tu ne réfléchis,
Que te servira-t-il de changer de pays ?
Tel qui n’a que deux pieds a voyagé de même.
- L’Ane voyageur, Fables Anonymes
- Le fablier françois, ou élite des meilleures fables depuis La Fontaine, Louis-Théodore Herissant – 1771