— Gare, gare, — criait une autruche massive,
— Place, je vais voler, m’élever dans les airs. —
Se rangeant aussitôt, de mille oiseaux divers
La troupe demeure attentive.
— Holà! regardez-moi, voyez ma course vive,
Apprenez à voler, suivez-moi du regard,
Si vous le pouvez par hasard. —
De la part des oiseaux, cette jactance énorme
Attire de sifflets un concert uniforme.
L’autruche n’y prend garde et ne les entend pas.
Elle va s’envoler, mais ses ailes débiles
Font pour la soulever des efforts inutiles;
Son aile maigre en vain s’agite avec fracas ;
Quand elle croit planer au-dessus de lu nue,
Par son poids sur le sol l’autruche est retenue;
Elle a beau s’agiter, elle pose toujours
Sur la terre par ses pieds lourds.
Messieurs les beaux-esprits, vous que je vois sourire
D’un oiseau trop pesant, pourriez-vous bien nous dire
Si, lorsque vous rêvez vous élever aux cieux
Dans vos accents mélodieux,
Quelques coups de sifflet échappés du parterre,
Ne vous ont pas parfois réveillés sur la terre?
L’Autruche, fable imitée de Lorenzo Pignolli.