Près d’une eau murmurante
Et bondissant sur la plaine riante,
Paissait de blancs moutons un superbe troupeau.
« Je suppose un instant que les loups viennent fondre
(Disait un bon pasteur à l’avocat Bonneau)
« Sur ces moutons que je me plais à tondre :
« Moufflard donnant l’alarme, on verrait accourir
« Le berger, le fermier pour les mieux secourir.
« Cependant le gros chien les mord et les harcèle;
« Et le berger les tond, les compte et les appelle :
« En sont-ils moins saignés de sa part, direz-vous,
« Que de celle des loups?
« La chose est bien cruelle !
« Ainsi, je pense, fait la justice envers nous. »
L’Avocat répondit : « Écoutez, maître Pierre :
« Remplissons nos destins en comprenant nos droits.
« La gent moutonne est votre tributaire,
« En bon berger vous la traitez, j’espère?
« Quant aux hommes toutefois,
« Pour les bien gouverner, il faut de justes lois.
« C’est l’avocat qui les explique,
« Et puis le juge les applique. »
Sur le chemin de la vertu.
Heureux celui dont la science,
Ne cédant qu’à la conscience.
Fait rendre à tout individu
Ce qui justement est dû.
Des lois étant dépositaire,
Le mérite d’un juge en est, certes, plus grand,
Quand, sans faillir, dans une longue affaire.
Il marche droit au but sur un sentier glissant.
“L’Avocat et le Berger”