Un Ballon gonflé de vapeur,
D’un vol majestueux s’en allait dans les nues ;
Et son habile conducteur
Lui frayait dans les airs des routes inconnues.
Fier de s’être élevé si haut,
L’Aérostat dit à son guide :
— Sans but nous courons dans le vide.
Pourquoi n’allons-nous pas d’un saut
Jusqu’à la lune ? Un tel voyage
Nous ferait dans le monde un nom
Qui se transmettrait d’âge en âge ?
— Taisez-vous, reprit l’homme, ambitieux Ballon !
De vous, la lune n’a que faire.
Parce qu’un léger souffle a pu vous transporter
A quelques toises de la terre,
Votre orgueil se donne carrière,
Et jusqu’aux astres veut monter !
Vous ressemblez à ces personnes
Qu’un vent de la fortune est venu soulever,
Qui ne trouvent jamais de places assez bonnes,
Et veulent toujours s’élever,
Se hausser sans cesse et s’étendre,
Ne rêvant que les dignités :
Mais qui, privés d’appui, sont forcés de descendre
Plus vite qu’ils n’étaient montés.
Le Guide ouvre alors la soupape ;
Et sur la terre revenu,
Du vaniteux Ballon s’échappe
Le fluide léger qui l’avait soutenu…
“Le Ballon “