(Yriarte)
Un Bœuf tout couvert de sueur
Traînoit une lourde charrue,
Et sillonnoit au gré du laboureur
Un champ d’assez vaste étendue.
Près de ce champ sur un arbre chantoit
Une Cigale. Elle vit que le coutre
Heurtant le tuf, à gauche s’écartoit.
« Ta carrière est fixée, et pourquoi passer outre,
Dit-elle au Bœuf ; rentre dans le sillon,
» Marche au but que tu dois atteindre,
» Sans quoi, tu ne pourras te plaindre
» Si le bouvier use de l’aiguillon. »
« Tu parles en personne sage,
Reprit le Bœuf sans se fâcher,
» Mais que je sache, ou non, marcher,
» Si le reste de mon ouvrage
» N’étoit pas droit, connoîtrois-tu
» Qu’un de ces sillons est tortu ? »
“Le bœuf et la Cigale”