Au temps où la vigne jette ses pousses, un bouc en broutait les bourgeons. La vigne lui dit: « Pourquoi m’endommages-tu? N’y a-t-il plus d’herbe verte? Je n’en fournirai pas moins tout le vin nécessaire, lorsqu’on te sacrifiera. »
Cette fable confond les gens ingrats et qui veulent voler leurs amis.
- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Le Bouc & la Vigne
Dans la saison où la Vigne bourgeonne,
Et met hors de son sein ce qu’on cueille en Automne ,
Un Bouc maudit & des plus effrontés,
Malgré de Bacchus la défense ,
Entre en un clos sans qu’on y pense ,
De la Vigne par lui les bourgeons font broutés,
Et qui plus est, broutés à toute outrance.
Mais la Vigne lui dit, eh quoi ! suffisamment
N’as-tu pas dans ce lieu d’herbe pour ta pâture ?
En me broutant tu me fais une injure ,
Tu dois en recevoir un juste châtiment,
Ne crois pas que Bacchus l’endure ;
Mais n’importe, pourfuis, si tu veux, ton dessein,
A mes dépens calme ta faim ,
Quand pour purger ce nouveau crime
Bacchus te prendra pour victime ,
Je pourrai sur l’Autel fournir encor du vin.
A son voisin lorsqu’on fait du dommage ,
On en reçoit autant ou davantage.
- Pierre de Frasnay – (1676 – 1753)
Le Bouc et la Vigne
Un bouc fort sot et fort méchant,
Étoit entré dans une vigne,
Et par une noirceur insigne
Il l’insultoit en la broutant ;
Crois-moi, tes dents auront beau faire
Lui dit la vigne à sa manière.
Je fournirai toujours bien assez de raisin
Pour faire aimer mon jus divin
A tous les peuples de la terre,
Et pour remplir, au sortir du tonneau,
L’outre qu’on fera de ta peau.
- Frédéric Doms d’Hautecourt – ( 1781 – 18??)