Baron de Stassart
Poète et fabuliste XVIIIº – Le Bourdon de Notre-Dame
Loin de l’Oratoire (on sait que des badauds
C’est le quartier ; mais sans plus de propos
Suivons le fil de notre histoire ; )
Logé non loin de l’Oratoire,
Un enfant s’écriait : « Dieu ! quel bruit et quel son ! »
Le père répondit : « Mon fils, c’est le bourdon
« De Notre-Dame ; ainsi que le canon,
« Il nous annonce la victoire;
« Ma foi, vive Bellone ! elle enfante la gloire ;
« Réjouissons-nous bien. » Mais peu de temps après
Le bourdon sonna pour la paix ,
Et notre homme de dire : « Enfin dans l’abondance,
« Riches par le commerce, au gré de nos souhaits ,
« Nous allons vivre désormais.
« Plus de combats ! c’était assez, je pense ;
« Le repos convient aux Français. »
La guerre ensuite recommence ,
Et le marchand, par un bravo,
De la cloche se rend l’écho.
Il applaudit ainsi, pendant maintes années,
À tous les coups des destinées ;
Et, lorsqu’il vit enfin les Anglais dans Paris ,
Il but à la santé de nos bons ennemis.
Le gros bourdon de Notre-Dame
A de nombreux imitateurs ;
Et, s’il est ici des frondeurs ,
Nous ne manquons pas, sur mon âme,
De ces valets officieux,
De ces gens toujours prêts à trouver tout au mieux,
Et qui ne cherchent qu’à se vendre…
Hélas! l’Hélicon même en présente à nos yeux :
De leurs odes les rois ont peine à se défendre.
Pour les louer, C¹….. les poursuit en tous lieux ;
Au grand mogol victorieux
Il offrirait des vers, s’il voulait les entendre ,
Et les payer sur-tout en prince généreux.
Baron de Stassart, Le Bourdon de Notre-Dame
¹Une lettre initiale ne compromet personne. Si l’on devine le poète dont il est question, ce sera bien moins ma faute que la sienne. Il est loin d’ailleurs d’être le seul de son espèce, mais c’est incontestablement primus inter pares, comme dirait un ancien docteur de Sorbonne.