Un pauvre homme mourait
De besoin, de misère.
Si nul ne le secourait,
Qui donc allait le faire ?
Une femme en cotillon,
Pour ses enfants, pour elle,
Venait d’acheter un bouillon,
Dans un pot, sa seule vaisselle.
Elle-même avait bien faim.
Souvent le pauvre monde chôme :
« Partageons, dit-elle, brave homme,
Prenez aussi ce peu de pain. »
Le malheureux se sent renaître,
Il pleure, il remercie, il part.
Or, aujourd’hui, sur sa fenêtre,
Vous lisez : chemin du départ,
Au numéro dix-sept : « Ici, passé dix heures,
A tous les malheureux on donne du bouillon. »
On bénit, dans bien des demeures,
L’homme qui paie ainsi la femme au cotillon.
“Le bouillon des malheureux”