Sous un buisson épineux et sauvage,
Dame brebis courant le grand chemin
Vint s’abriter surprise par l’orage.
Lorsque le ciel de nouveau fut serein
Et que la pauvre lanifère
Voulut s’échapper du buisson,
Elle en sortit, mais plus légère
D’une moitié de sa toison.
Souvent pour de sottes querelles,
Que dis-je ! pour des bagatelles,
Des riens… l’on se jette aux procès.
Qu’arrive-t-il ?… après mainte et mainte chicane,
Maintes subtilités et mille autres délais
La cour enfin prononce et vous condamne
Ou vous absout. Comment ? ?… Tondus et retondus !
Les sbires de Thémis, grands embrouilleurs d’affaires,
Savent si dextrement grossir leurs honoraires
Que tout compte tiré, plaideurs, vous restez nus !
L’honnête homme de loi vous tondant pour sa peine
Plus des trois quarts de votre laine ;
Ainsi donc, croyez m’en, lecteur, ne plaidons plus.
“Le Buisson et la Brebis”
- Paul Stevens, 1830 – 1881