Peu de gens sont mis à leur place ;
De-là nous viennent tant de sots.
Dans un de ces réduits , où, du matin au soir.
L’ennui, le besoin, l’habitude
Rassemblent tant de gens, je vais par fois m’asseoir.
Là, j’établis mon cabinet d’étude.
Qui va, qui vient, et plus de trente voix
De crier toutes à la fois :
Café , chocolat, limonade ;
Garçon ! un petit pain ; garçon ! de l’orangeade ; —
L’un veut se rafraîchir ; l’autre se réchauffer ;
Celui-ci veut boire et manger.
Et celui-là ne veut que boire ;
Finalement chacun sait s’arranger ,
Et jusqu’au verre d’eau rien ne manque à l’histoire.
L’observateur voit tout, comme vous pouvez croire ;
Et dans son coin, en lui-même il se dit :
S’il en était ainsi des besoins de l’esprit !
Si l’on pouvait toujours lui donner nourriture
Convenable à son appétit !
Combien de gens qui font triste figure,
Dans telle place où le hasard les mit.
Auraient brillé dans celle que nature
Leur destinait alors qu’elle les fit !
“Le Café”
- Antoine Vitallis 1749-1???