Le café, le pavot, ces remèdes divins
Que le ciel a donnés à la race mortelle
Pour médecine universelle,
Du fond de deux bocaux voisins
Un jour se prirent de querelle,
Chacun se prétendant plus utile aux humains.
Le café disait : Quoi ! plante sans énergie,
Toi dont les sucs glacés et les froides vapeurs
Ne peuvent inspirer que de molles langueurs,
Sais-tu donc, comme moi, d’une santé flétrie
Ranimer les mourants ressorts,
Et dans un corps usé faire couler la vie ?
Je surmonte les maux, et toi tu les endors.
— Soit, en ce point garde l’empire,
J’y souscris volontiers, quoi que j’aie à redire ;
Réplique avec lenteur le tranquille pavot.
Mais pour te répondre en un mot,
Je fais de mon côté ce que tu ne peux faire.
— Eh quoi ? — Tu fais parler un sot,
C’est beaucoup ; moi, je le fais taire.
« Le Café et le Pavot »