Jean-Joseph Vadé
Un équipage à triple glace
Passant près d’un moulin à vent
Le nargua sur sa lourde masse
Et lui dit :”Mon pauvre innocent,
Tu fais bien du chemin sans bouger de ta place!
Pour qui? Pour un meunier, un lourdeau, un manant!
Mais moi regarde, encore passe:
En roulant je porte un milord.
Femmes de cour, brillantes, bien ornées;
Moi-même je suis doublé d’or.
Sens-tu quelle distance entre nos destinées?”
Le moulin lui dit ; « Monseigneur,
Mon sort chétif vaut bien votre bonheur.
Servir l’orgueil est votre mode,
D’un tel emploi je ne suis point tenté”:
Prévenir la nécessité
Vaut bien l’honneur d’être commode. ”
* Le Carrosse et le moulin à vent