Les castors sont si bons architectes, que quelques philosophes ont prétendu que c’était d’eux que les hommes avaient appris l’art de construire des maisons ; ils n’ont cependant d’autres outils que leurs queues, leurs pattes et leurs dents. La queue leur tient lieu de truelle ; leur pattes leur serrent à prendre et à mouvoir les matériaux ; leurs dents remplacent la scie. Avec elles ils peuvent couper le tronc d’arbre le plus gros et le mettre en pièces pour leurs construction ! Un jour quelques castors étaient occupés à ronger le pied d’un arbre d’une taille plus que moyenne. Un perroquet, qui était sur les branches, leur demanda ce qu’ils prétendaient faire.
— Renverser l’arbre, lui répondit un des ouvriers,
— Renverser l’arbre ! reprit l’oiseau parleur, en se moquant d’eux, petits animaux, un arbre de cette taille ne cédera jamais aux efforts de vos petites dents.
— S’il ne cède pas aujourd’hui, il cédera un autre jour, répartit le castor ; et nous verrons enfin qui de toi ou de nous a raison. Renvoyons la décision de cette affaire.
— Eh bien ! oui, dit le perroquet en raillant, travaillez, messieurs les castors ; je reviendrai dans quelques jours voir les effets de vos dents laborieuses.
Et il les quitta.
Trois jours après, voulant jouir de l’embarras des castors et se moquer d’eux, il se rendit dans le même lieu ; mais qui fut penaud ? Ce fut le perroquet, car il trouva l’arbre abattu.
“Le Castor et le Perroquet”