Un jour, dans un bois solitaire,
Fatigué par sa course et l’ardeur du soleil,
Tout de son long couché par terre,
Un chasseur reposait d’un paisible sommeil.
Le Ciel voulut (je parle au sage,
Car beaucoup diraient le hasard)
Qu’en ce moment sur son visage
Vînt se fourvoyer un lézard.
Notre homme en sursaut se réveille,
Jurant de façon sans pareille.
Le lézard veut fuir, mais en vain :
Il le saisit d’une main courroucée,
Et bientôt, sur un roc voisin,
L’innocente bête est brisée…
Quant au chasseur, il se rendort
Mais sous l’herbe, en rampant, jusqu’à sa main s’avance
Une vipère qui le mord :
C’était du Ciel une vengeance,
Car le chasseur ne se réveilla plus.
Nos faux amis nous trouvent sans défense ;
Le plus souvent les vrais sont méconnus.
“Le Chasseur, le Lézard et la Vipère”