Un jour un Chat festoyant sa Minette,
Proche de-là vit passer un gros rat ;
Lors le matou , l’affaire à demi faite ,
Pour courir sus, quitte son tendre ébat.
Chagrine fut de cette préférence
La délaissée, et cette avec raison.
Vite elle alla conter sa triste chance.
De Chatte en Chatte, à toutes les maisons.
La chose sue, on tint conseil entr’elles,
Pour prévenir le cas à l’avenir,
On ordonna qu’au déduit les femelles
Crieraient si haut, que rats, loin de venir
Se tapiraient dans le fond des ruelles.
Çà , commençons un amoureux combat ;
Mais pour que rien ne trouble notre fête,
Ma chère Iris , jure , crie et tempête :
Ah ! jure donc, ou je vais prendre un Rat.
Sur un mollet musclé , l’œil féminin s’arrête;
Mais l’avouerai-je bonnement ?
Cet œil actif se sert de ce prétexte honnête.
Je l’ai pris souvent en défaut,
Et je connais son artifice ;
Sur tout ce qui n’est pas habillé comme il faut
En passant il a soin de faire la police.
- Jean-Baptiste Joseph Willart de Grécourt, 1684 – 1773 (Le Chat et la Minette)