« Que je suis charmé de Minet !
Dit un petit chien à sa mère.
Il a tout ce qu’il faut pour plaire :
Il est doux, enjoué, follet;
Ensemble nous jouons sans cesse;
Nous nous accolons, et toujours
Il fait la patte de velours,
Outre mille tours de souplesse.
— Mon fils, défiez-vous de lui.
Vous le verrez demain tout autre qu’aujourd’hui
Vous éprouverez son caprice.
Vous êtes simple et sans malice :
Minet ne vous ressemble pas ;
Je le sais par expérience. »
Le jeune chien fit peu de cas
D’une si sage remontrance :
Il joue avec le chat, qui ne fut pas longtemps
Sans lui faire sentir ses griffes et ses dents.
Le petit chien revint au bout d’une heure,
Le nez en sang. Il crie, il pleure.
» Je vous l’avais bien dit, mon fils;
Vous choisissez mal vos amis.
« Une amitié de chat ne fut jamais durable.
Tantôt badin, doux, gracieux,
Tantôt féroce et furieux,
Il n’est pas deux instants à lui-même semblable.
L’homme capricieux est le chat de ma fable.
“Le Chat et le Petit Chien”