Études sur les fables de La Fontaine, Le Cheval et le Loup, P. Louis Solvet – 1812.
- Le Cheval et le Loup.
Ésope, F.63.
V. 1. Un certain Loup, dans la saison
Que les tiède s Zéphirs ont l’herbe rajeunie.
Cette transposition, au lieu de ont rajeuni l’herbe, étoit autrefois admise dans le style le plus noble : elle n’est plus reçue que dans le style familier, et encore faut-il en user sobrement. Elle vieillit tous les jours.
Voltaire, dans son commentaire sur Corneille y dit, à l’occasion de ces vers de la tragédie d’ Horace:
Il est de tout son sang comptable à la patrie. Chaque goutte épargnée a sa gloire flétrie.
« La sévérité de la grammaire ne se permet point ce flétrie ; il faut, dans la rigueur, a flétri sa gloire : mais a sa gloire flétrie est plus beau, plus poétique, plus éloigné du langage ordinaire, sans causer d’obscurité. » Et d’Olivet, dans ses observations sur Racine , chez qui il remarque cette inversion, regrette, loin de la blâmer, « que les poètes se soient privés d’une douceur que l’usage leur accordoit. »
V. 8. Bonne chasse, dit-il, qui l’auroit à son croc.
Cette ellipse est très-forte. Le poète sous-entend : Celui-là feroit bonne chasse qui, etc. ; mais cette ellipse peint à merveille l’avidité du Loup, car le langage d’une passion quelconque est toujours brusque et rapide. Tous les grands poètes, dans ces occasions, ont sacrifié les scrupules de la grammaire à la vérité de l’expression : c’est là précisément maîtriser la langue et l’enrichir malgré elle. (M. Clément, 4e. lettre à Voltaire.)
V. 9. Eh ! que n’es-tu mouton ! car tu me serois hoc.
D’une sorte de jeu de cartes qu’on nomme le hoc et où l’on dit hoc en jetant sur le tapis certaines cartes qui font gagner ceux qui jouent. (Coste)
Crois-moi, laisse ton lard, les poulets te sont hoc.
(Richer,fab. du Corbeau et le Renard, lliv. 1, fab. 2)
Cloris, que tous êtes sotte!
Pendez le rosaire au croc,
Le paradis vous est hoc.
(Furetière, epigr, sur une dévote mal mariée.)
V. 13 et 14. Près et propriétés, mauvaises rimes.
(Ch.)
V. 24. Mon fils…. L’hypocrite redouble de tendresse au moment ou il se croit sûr de réussir. (Ch.)
V. 33. C’est bien fait, dit le Loup, en soi-même fort triste,
Chacun à son métier doit toujours s’attacher.
Tu veux faire ici l’herboriste,
Et ne fus jamais que boucher.