Denis Charles Henri Gauldrée-Boileau
» Pourquoi mêler des pleurs à vos adieux ?
» Disait à ses parents, bons travailleurs de terre ,
Certain cheval qui partait pour la guerre.
« Je suis sans bien et sans aïeux :
» Je vais me faire un nom sur les pas de Bellonne ;
» Partout la Parque à son gré nous moissonne :
» Après de longs travaux , mourir obscurs et vieux !
» J’aime mieux mourir jeune au sein de la victoire.
» Ah ! ne retenez plus ma belliqueuse ardeur !
» L’utilité du laboureur
» Chez moi le cède à l’éclat de la gloire ;
» Vous me verrez un jour au temple de mémoire ,
» Près du coursier Bayard , placé par ma valeur.
» Mon cheval s’éloigna ; mais blessé par malheur,
Dès son début dans la carrière ,
Il subit la réforme, et périt sans honneur
Sous le fouet d’une vivandière.
Ainsi le sort peut d’un héros
, Tromper l’espoir et la vaillance.
Après les plus nobles travaux
Combien n’ont eu pour récompense
Qu’une obscure et triste existence !
Que ne mouraient-ils à-propos !
“le Cheval partant pour la guerre”