Un Chien gâté par sa maîtresse,
(Ces Chiens sont de la pire espèce,)
Cherchait querelle à tous propos,
Aux autres Chiens du voisinage ;
Or, il advint qu’un jour mon petit personnage,
Se fit par eux si bien tanner la peau du dos,
Qu’il en était méconnaissable.
Je vous laisse à penser combien
Madame fut inconsolable ;
Pour peu qu’on ait des nerfs, cela se conçoit bien,
Mais les grandes douleurs passent comme le reste :
Après tout ce n’était qu’un Chien,
Je dirai même un franc vaurien,
Un fieffé scélérat, plus méchant que la peste ;
Et Madame ne manquait pas
De résignation et de philosophie ;
Bref, la méchante Bête, éclopée et meurtrie
N’ayant plus rien pour plaire, hélas !
Fut droit envoyée au trépas…
Et si maintenant on désire
Savoir ce que je veux de ce conte déduire ;
Je dirai que l’attachement
Qui résulte d’un vain caprice,
Est chose incertaine, factice,
Et finit mal le plus souvent.
“Le Chien de Madame”