Un chien, tel qu’on en voit beaucoup de par le monde,
Qui, hargneux, mécontents et se plaignant toujours,
Trouvent que tout va mal en la machine ronde
Et, s’ils le pouvaient, même entraveraient son cours,
Se mit un jour en la cervelle
D’arrêter dans sa marche un char au trot lancé.
Aboyant à la roue, il courait après elle
Et la mordait. — Pauvre insensé !
Lui dit-on ; que prétends-tu faire ?
De ce char ne voudrais-tu pas
Régler la course sur ton pas ?…
Va-t-en passer ailleurs ta chétive colère.
Avant que de subir une pareille loi,
Il écraserait bien vingt roquets comme toi. —
Mais le sot animal, échauffé par la lutte,
Continuait de mordre en redoublant d’efforts ;
Et si bien il mordit qu’il fit un culbute,
Et que la roue enfin lui passa sur le corps.
“Le Chien et la Roue”