Jean-Jacques Porchat-Bressenel
Dans les mêmes foyers recueillis dès l’enfance.
Un chien, un chat, bien traités, bien nourris,
Laissaient entrer les gens et trotter les souris,
Et passaient d’heureux jours au sein de l’indulgence.
Rien ne dure ici-bas : leur maître infortuné
Se vit par un procès réduit à l’indigence.
De vider sa maison ordre lui fut donné.
Le chien suivit ses pas, et, voyant son confrère
Accroupi sur le seuil du logis solitaire,
Avec nous, lui dit-il, pourquoi ne pas venir?
Des bienfaits du patron n’as-tu plus souvenir,
Depuis qu’il est dans la misère?
Moi, l’oublier! dit l’autre, en s’essuyant les yeux:
Ah! je ne puis quitter ces lieux.
Où du bien qu’il m’a fait je vois partout la trace.
D’ailleurs je lui serais incommode aujourd’hui:
Veux-tu qu’en son malheur de moi je l’embarrasse ?
Où prendrait-il pour nous? Il n’a pas trop pour lui.
Voyez quelle délicatesse!
Tu crains de le gêner? dit l’autre avec dédain ;
Hypocrite, tu veux te déguiser en vain.
Le pauvre, que chacun délaisse,
A plus besoin d’une caresse
Encor que d’un morceau de pain.
- Jean-Jacques Porchat-Bressenel 1800 – 1864