Félix MOUSSET
Un chien étique, abandonné
Par un maître ingrat et barbare,
Qui le nourrissait en avare,
Va chez un chat, d’un beau pelage orné,
Au ventre rebondi. Le pauvre chien salue,
S’approche, et d’une voix émue :
« Monsieur, dit-il, je meurs de faim.
Il me faudrait un peu de pain !
— Quel est ce vagabond qui parle de la sorte ?
Dit le chat ! Hors d’ici, manant, vite à la porte !
— Tu n’en veux point donner, j’en prendrai je sais où,
Fît le chien ; un bon chat capitonné de graisse
N’est pas de ces morceaux qu’un affamé délaisse.»
Et le chien prit le chat et lui tordit le cou.
Moralité
Ces deux monstres abominables
Etaient l’un et l’autre pendables.
Sans justice, sans charité,
Voilà ce que devient une société.
“Le Chien et le Chat”