Jean de La Fontaine
Poète, moraliste et fabuliste XVIIº – Le Coq et le Renard
Sur la branche d’un arbre était en sentinelle
Un vieux Coq adroit et matois.
“Frère, dit un Renard, adoucissant sa voix,
Nous ne sommes plus en querelle :
Paix générale cette fois.
Je viens te l’annoncer ; descends, que je t’embrasse.
Ne me retarde point, de grâce ;
Je dois faire aujourd’hui vingt postes sans manquer.
Les tiens et toi pouvez vaquer
Sans nulle crainte à vos affaires ;
Nous vous y servirons en frères.
Faites-en les feux dès ce soir.
Et cependant viens recevoir
Le baiser d’amour fraternelle.
– Ami, reprit le coq, je ne pouvais jamais
Apprendre une plus douce et meilleur nouvelle
Que celle
De cette paix ;
Et ce m’est une double joie
De la tenir de toi. Je vois deux Lévriers,
Qui, je m’assure, sont courriers
Que pour ce sujet on envoie.
Ils vont vite, et seront dans un moment à nous.
Je descends ; nous pourrons nous entre-baiser tous.
– Adieu, dit le Renard, ma traite est longue à faire :
Nous nous réjouirons du succès de l’affaire
Une autre fois. Le galand aussitôt
Tire ses grègues, gagne au haut,
mal content de son stratagème ;
Et notre vieux Coq en soi-même
Se mit à rire de sa peur ;
Car c’est double plaisir de tromper le trompeur.
Issac de Benserade – fable en quatre vers
Ce Coq eût mal fait de descendre.
Il vous dit, qu’on ne doit jamais
Prêter l’oreille à qui ne nous parle de paix
Que pour mieux nous surprendre.
Autre analyse
Commentaires de MNS Guillon
Le Pogge ajoute à la réponse du Coq ce nouveau dialogue, « Le Coq: Eh! la paix n’est-elle pas faite entre les animaux? —Le Renard: Peut-être que les deux Chiens n’en savent pas encore la nouvelle». Jacques l’Enfant, qui a publié le Poggiana, voudrait que La Fontaine n’eût pas omis cette-répartie du Renard fugitif, comme ayant, dit-il, beaucoup de sel. Cela est vrai ; mais elle étend la morale de la, fable bien au-delà du but du poète, et par-là devient inutile. Ce n’est pas un combat d’esprit qu’il a voulu rendre ; mais une leçon qu’il donne aux trompeurs…. la suite …
(Le Coq et le Renard)
Contes populaires de la Grande-Bretagne
Un jour le renard aperçut un beau coq et une poule grasse dont il eût volontiers fait son dîner; mais à son approche, ceux-ci s’envolèrent dans un arbre. Le renard ne perdit pas courage et entama la conversation avec eux, les invitant à faire un bout de chemin en sa compagnie. « Il n’y a aucun danger, dit-il, aucune crainte que je vous fasse du mal, car la paix est signée entre les bêtes et les hommes, et entre tous les animaux. » Enfin, après avoir beaucoup parlementé, le coq dit à la poule : « Ma chère, ne vois-tu pas venir là-bas une couple de chiens à travers la plaine ? — Oui, dit la poule. et ils seront bientôt ici. — S’il en est ainsi, il n’est que temps de décamper, dit le Renard, car je crains que ces stupides chiens ne soient pas au courant de la trêve. » Et ce disant, il prit ses jambes à son cou et ne commença à respirer que lorsqu’il eut atteint sa tanière.
Tout la monde reconnaît ici la fable de la Fontaine intitulée : le Coq et le Renard.
Contes populaires de la Grande-Bretagne, Partie 1, Loys Brueyre, Hachette, 1875.
Le Coq et le Renard, Jean de La Fontaine