Du vallon, malfaisant génie,
Une Chouette au cœur haineux,
Sous des dehors humbles et doucereux,
Secrètement, partout, semait la zizanie.
Certain jour, elle dit au voisin le Corbeau :
— « Ce lieu, jadis, séjour de paix et d’innocence,
» Nous offre maintenant un bien triste tableau ;
» On se craint, on se hait, on se fuit au hameau ;
» Savez-vous d’où provient la mésintelligence ?…»
— « Vous me le demandez ! fit l’autre avec courroux,
» Nul ne le sait, infâme, mieux que vous ! »
L’air bénin, souriant, la fausse bonhomie
Vous aborde, se dit votre sincère amie,
Et pour votre bonheur forme des vœux ardents.
Ne vous y fiez pas : la perfide, derrière,
A vos dépens se donne ample carrière,
Et vous déchire à belles dents.
“Le Corbeau et la Chouette”