Lambert-Ferdinand-Joseph Van den Zande
Un cuisinier mit des oiseaux en cage,
Où la graine ne leur manquait.
Dès que leur embonpoint marquait
Qu’ils pouvaient avec avantage
Figurer à la broche, il leur tordait le cou,
Et vis-à-vis de la logette,
Pour les plumer, en pendait douze au clou,
En attendant qu’arrivât la brochette.
Au bout d’un temps, dans la prison
Il ne resta plus qu’une caille :
Elle avait vu par la cloison
Comment pour la ripaille
Ses pauvres compagnons avaient sauté le pas.
— Heureusement, se disait-elle,
Mon corps n’est point très-gras;
Je vais me mettre à chanter de plus belle ;
Ma voix à trousse-lard plaira :
N’en doutons point, en vie il me conservera.
Par l’espoir se laissant séduire,
Le malheureux toujours croira
Facilement ce qu’il désire.
« Le Cuisinier et la Caille », Lambert-Ferdinand-Joseph Van den Zande, 1870 – 1853.