Alexandre Deplanck
Poète et fabuliste XIXº – Le Dahlia et le Réséda
Un grand dahlia pourpre étalait au soleil
Sa couleur éclatante et sa tige pompeuse.
« Certes, s’écriait-il, je n’ai pas mon pareil !
Le Lys, le Chrysanthème et la Rose mousseuse
Ne sont, auprès de moi, que simples fleurs des champs.
On ne me trouve point chez d’humbles artisans ;
Il me faut d’un palais le splendide parterre ;
Enfin, je suis le roi des produits de la terre ! »
Un petit réséda répondit aussitôt :
« Que votre Majesté ne parle pas si haut !
Vous ayez la beauté, la puissance en partage…
Mais le parfum suave est-il votre apanage ?
Sachez-le bien : celui qui nous créa tous deux,
Vous glorieux et fort, moi chétif et modeste,
N’a pas voulu qu’ainsi vous fussiez seul heureux :
Il divisa ses dons, dans sa bonté céleste,
Et vous donna du corps l’éclat et la grandeur ;
Vous ôtant le parfum, — cet esprit de la fleur. »
Le Dahlia et le Réséda
Alexandre Deplanck, 1817-1864