Un simple diamant se trouvait par hasard
Auprès de maint saphir et de mainte topaze
Qu’un bijoutier venait d’enchâsser avec art,
Et qu’il vantait encore avec emphase ;
Aussi le diamant offrait en vain l’éclat
Que lui dispensa la nature,
Pour lui point de chaland ; mais il change d’état,
Et, poli, rehaussé d’une riche monture,
Il reparaît ; les yeux en sont surpris :
Sur ma foi, c’est une merveille !
Dit le chaland venu la veille ;
Enfin , chacun en reconnaît le prix.
De même, fort souvent, on néglige, on dédaigne
La vérité qui s’offre en sa simplicité ;
Eh bien ! qu’un fabuliste avec art nous la peigne,
Qu’un habit poétique alors lui soit prêté,
Qu’elle cesse enfin d’être nue,
La valeur en est reconnue.
“Le Diamant”
- Jean-Auguste Boyer-Nioche, 1788-1859