Denis Charles Henri Gauldrée-Boileau
Certain badaud, qui dans son ignorance
S’avisait de juger de tout,
Et d’en juger sur l’apparence,
Se croyait un homme de goût.
Un jour qu’il admirait, comme un tel homme admire,
Les fresques d’un dôme élevé :
« Cet ouvrage est vraiment un ouvrage achevé,
» S’écriait-il. « Qu’y trouver à redire?
« Il unit tout : dessin, faire, couleur.
« Avec quel art le peintre a groupé ces figures!
» Quel heureux ciel! Ah! c’est divin, d’honneur!
» Mais si je m’approchais de ces belles peintures ,
» Qui de si haut charment si bien mes yeux !
» Je les apprécierais sans doute beaucoup mieux. »
Il dit, donne l’essor à sa badauderie,
Franchit un escalier, gagne une galerie,
Touche la voûte avec la main ;
Mais, fait pour servir de lointain,
Ce grand et magnifique ouvrage,
Ne lui présente plus qu’un hideux assemblage
De traits confus, de couleurs sans accord ;
Et le badaud devenu sage,
Pour la première fois convint qu’il avait tort.
L’imagination qui nous peint tout à fresque,
Colore l’avenir des plus riants attraits ;
Mais l’espérance est romanesque ;
Séduisante de loin, ce n’est plus rien de près.
“Le Dôme peint à fresque”