Près de l’âtre accroupie, une jeune ouvrière
Souillait sur ses tisons. Ses tisons restaient froids.
En vain elle entassait sarment, paille, bruyère,
La flamme apparaissait, puis mourait sous ses doigts.
— Au diable à se chauffer, dit-elle,
Avec gaité. Qui travaille ne gèle.
Malgré janvier, voici que Dieu
M’envoie un rayon de son feu.
Et le dos au soleil, la courageuse fille,
Bravant le froid, la faim, chante et tire l’aiguille.
Le soir venu, l’allumette pétille,
Avive le flambeau.
Mais, ô malheur ! Dans les plis du rideau,
Imprudemment jetée,
L’allumette se cache et couve empaquetée !
Soudain la flamme monte, envahit, brûle tout ;
Dévore la maison d’un bout à l’autre bout.
— Feu cruel ! s’écriait noire pauvre ouvrière,
Quand ce matin je te soufflais,
Tu restais sourd à ma prière,
Et ce soir quel mal tu me fais !…
Il ne faut bien souvent au cœur longtemps rebelle,
Pour s’enflammer qu’une étincelle.
“Le Feu de l’Ouvrière”