Un frelon, certain jour, aperçut une abeille
Dormant sur une-fleur; de suite il la réveillé,
Pour, hélas! s’en repaître, en un mot la Sucer.
L’abeille, en ouvrant l’œil se mit à le pousser,
En le suppliant bien de la laisser tranquille,
Comme pourrait le faire une innocente fille.
Vous avez du bon miel et de la cire au cou.
Vous en êtes chargé, j’en aperçois partout ;
Pourquoi fondre sur moi, d’où vient cette exigence?
Je ne tiens nullement à cette préférence.
— Si tu. vois du beau miel, si j’en traine un rayon,
Dit l’infâme voleur, le paresseux frelon,
Ce n’est pas de mon fait, ainsi que cette, cire…
Donne de bonne grâce ou je vais te détruire.
— Finissez, mons Frelon, ou je vais appeler;
De quel droit, s’il vous plaît, venez-vous me piller?
Et criant tout de suite : Au secours ! mes amies.
Apparaît sur-le-champ une ou deux compagnies ;
Se trouvait à leur tête une Abeille officier,
Par la Reine envoyée en entendant crier.
— Malheureux, dit le chef, rugissant de colère,
Tu voudrais donc réduire à l’extrême misère :
Cette charmante Abeille, enlever son travail?
Infâme paresseux; méchant et vil bétail,
Apprends, brigand, voleur, que notre Reine-mère,
Porte un vif intérêt à sa bonne ouvrière,
Que tu voudrais sucer, piller et pis encor.
Abeilles, au vaurien donnez vite la mort…
Après ce châtiment, revint pure et sans tache,
Cette abeille tombée entre les mains d’un lâche.
A la première émeute il faut que tous les bons,
Tous les honnêtes gens, tous les amis de l’ordre
Disent spontanément, sortons de nos maisons.
La poussière, aujourd’hui, sachons la faire mordre
À tous les factieux, ces insignes bavards;,
A ces cerveaux brûlés, ces maudits utopistes,
Bouffis d’un sot orgueil, ces fatigants criards,
Qui rugissent de voir diminuer leurs listes.
“Le Frelon et l’Abeille”