Trouvant d’un beau jardin la porte grande ouverte,
L’âne y fit du dégât moins que vous ne croiriez.
Il foula bien quelques fleurs sous ses pieds
En traversant une pelouse verte ;
Mais de là, suivant son chemin,
Il épargna le berceau de jasmin,
Ne vit point les œillets et dédaigna les roses.
Qu’est-ce pour un baudet que ces divines choses ?
Le nôtre avait vu de bien loin
Des herbes sales en un coin ;
Des fumiers du jardin c’était le réceptacle.
Pour son goût naturel quel attrayant spectacle !
Il laissait l’herbe fine et courait aux chardons.
Ainsi mon voisin Jean court après nos Pradons.
“Le Goût naturel des Ânes”