Hanneton, vole, vole, vole.
Hanneton, vole, vole donc!
Ainsi criait, en allant à l école
Un étourdi petit garçon
Qui, par un bout de fil, tenait un hanneton.
Il le lançait en l’air ; puis, quand la bestiole
Se croyait libre et” s’envolait gaîment,
Il la ramenait brusquement.
Vinrent d’autres enfants; tourment nouveau pour elle.
Un hanneton, oh! quel bonheur!
A nous le hanneton ! On l’arrache au porteur,
L’un lui tire un pied, l’autre une aile,
Et la bande de rire et de chanter en chœur :
Hanneton, vole, vole, vole !
Mais loin de s’envoler, immobile et perclus
L’insecte était par terre et ne remuait plus,
Et les enfants, toujours répétant : vole, vole !
S’acharnaient après lui, le piquant, le poussant…
Quand parut le maître d’école :
Noble plaisir, dit-il, sur ma parole,
Que do faire souffrir un insecte innocent!
Les marmots gardaient le silence.
Vous êtes des tyrans, reprit l’instituteur,
Car, vous le savez bien, cet être est sans défense,
Et comme vous pourtant il ressent la douleur!
Je suis plus fort que vous, moi ! Petits misérables,
Et si je vous coupais, une jambe, une main?…
Non, pour les animaux lorsqu’on est inhumain
On n’est pas loin de l’être aussi pour ses semblables.
“Le Hanneton”