Pendant que les autans se battaient dans la plaine,
Que l’hiver sur les monts étendait son manteau,
Un jeune chat, sortant à peine du berceau,
Grelottait sous leur froide haleine.
Il gisait dans un coin sur lui-même roulé,
Pensant qu’il se pourrait garantir de la sorte
Du froid qui s’engouffrait dans les trous de la porte.
« Eh quoi ! petit écervelé,
Lui dit un vieux carlin à l’humeur complaisante,
N’avez-vous pas vu ce foyer
Où pétillent gaîment la vigne et le noyer ?
Allez donc implorer sa chaleur bienfaisante.
Convient-il de geler sottement dans un coin,
Quand de nous réchauffer notre maître a pris soin ? »
L’autre, qui ne savait trop quel prétexte prendre
Pour approcher du feu dont sa timidité
Seule le tenait écarté,
A l’appel du carlin s’empressa de se rendre.
Mais au lieu d’approcher le feu de quelques pas,
Comme tout chat prudent doit agir en ce cas,
Il y donna tête baissée,
Ainsi qu’une bête insensée.
« Oh ! oh ! dit-il alors, se mettant à crier,
Serviteur, monsieur le foyer !
Un si brûlant accueil peut beaucoup plaire à d’autres ;
Pour moi, je ne suis plus des vôtres ! »
En achevant ces mots, il courut se cacher,
Malgré ce que le chien fit pour l’en empêcher.
Ce chat ne connaissait pas un mot de physique,
Me diront les savants ; j’en conviens ; mais aussi
Avec moi convenez ici
Qu’il ne fit des humains qu’imiter la logique.
Combien en voyez-vous — pour moi j’en connais peu —
Qui sachent conserver la route du milieu ?
Des langes au tombeau, nous penchons vers l’extrême,
Et medio virtus n’est pour nous qu’un problème.
“Le jeune Chat”