Un jeune chat, jouant avec sa mère,
Lui mordit la queue : à l’instant
Et sans façon, noire commère
Lui rendit la pareille… Il fuit en miaulant,
Transi de peur, croyant que la donzelle
Allait sans faute le manger ;
Et celle-ci, voulant le corriger ,
S’y prenait de son mieux : « Viens, mon fils, lui dit-elle,
Viens, tu ne cours aucun danger ;
Sors de ton trou, nous jouerons de plus belle:
Mais dans tes jeux ne mêle plus d’humeur ,
Ne badine qu’avec douceur,
Et jamais par plaisir n’égratigne ton frère ;
Cela décèle un mauvais cœur,
Et pourrait l’attirer une méchante affaire. »
Explication morale :
Jeux de mains, jeux de vilains, dit un vieux proverbe. Que de querelles ont souvent cette origine ! On commence par être dupe, on finit par être fripon, disait madame Deshouillères en parlant du jeu où l’on va perdre son argent; ici, on commence par s’amuser, et l’on finit par se battre; l’un ne vaut pas mieux que l’autre. Si vous êtes sages, évitez-les tous deux avec le plus grand soin, et souvenez-vous qu’il ne faut pas offenser ses amis, même en jouant. (Le jeune Chat qui joue avec la queue de sa Mère)
“Le jeune Chat qui joue avec la queue de sa Mère”