Au fond d’une fertile plaine ,
Sur le courait d’un clair ruisseau
Croissait jadis un petit Chêne
Qui devait être un jour l’ornement du hameau.
« Epargnez mon jeune feuillage,
» Disait-il aux brebis qui paissaient à l’entour :
» Ah ! si vous m’épargnez, vous trouverez un jour,
» Sous mes rameaux un agréable ombrage :
» Même pour vous payer d’un trop juste retour
» Je vous défendrai de l’orage ».
Chaque brebis , sensible à ce tendre langage ,
A ses branchés ne touche pas.
A quelque temps de là, le berger Lycidas
Vient à passer : il voit le jeune Chêne
Que le courant allait déraciner.
Lycidas le voit avec peine :
A la fureur des eaux il voudrait l’arracher ;
Il prend sa hache, il se met à former
Tout à l’en tour un fort rempart d’épine.
L’arbre se croit à l’abri du danger.
Hélas ! un ver caché dans sa racine
Le rongeait en secret : le Chêne a beau gémir,
Avant l’automne il se sentit périr.
Vous , dont l’heureuse enfance ,
Croit sons les yeux de vertueux parents ,
Craignez encor, malgré leur vigilance,
Qu’avec ses appas séduisants ,
Le vice de vos cœurs n’altère l’innocence;
Le jeune Chêne par Ev. Alex. Bretonnière, de la Chapelle-Heulin.