Jean Baptiste François Ernest Chatelain
Un jour le soleil s’éclipsa
En accostant dame la Lune.
Ce qui dans ce moment entr’eux deux se passa,
N’est point de mon ressort, est chose inopportune.
Le fait est que la nuit vint remplacer le jour ;
Si bien qu’une sotte bougie,
Se voyant installée et placée en vigie
Sur les confins d’un carrefour.
Se figura pouvoir, (admirez sa bêtise !)
Occuper à toujours le trône de l’absent,
De ce Phœbus éblouissant
Qu’avec raison le Pérou préconise ;
Et tout à coup d’orgueil devenant grise.
Elle se mit à s’écrier :
” Gare que je m’élance au séjour du tonnerre,
Je vous protège trop, enfants de ce quartier,
Il est temps que je songe au reste de la terre ! ”
En proférant ces mots la mèche s’agita,
Le bougeoir boiteux culbuta,
Et la reine des cieux éteinte et mutilée,
Vit sa grandeur se résoudre en fumée.
“L’Eclipse et la Bougie”