Fable imitée d’Esope
Une imprévoyante hirondelle
Chez nous de quelques jours devança le printemps,
Et, comme elle arrivait en un jour de beau temps ,
Certain jeune homme, imprévoyant comme elle.
S’écria : « Plus de glace ! Adieu neiges et vents !
« La chaleur, m’a-t-on dit, fait naître la vermine:
« Or, je cours de ce pas vendre à quelqu’un mes gants
« Et mon manteau doublé d’hermine.
« Je veux, avec l’argent qui doit m’en revenir,
« Vivre suivant mes goûts, me donner du plaisir. »
Il vendit en effet chèrement sa fourrure ;
Le prix qu’il en tira tout-à-coup disparut;
Mais quel fut son regret, lorsqu’il vit la froidure
Une seconde fois attrister la nature.
Rien pour s’en préserver!… On dit qu’il en mourut.
0 vous que l’apparence aisément peut séduire,
Vous voyez quel danger suit parfois trop d’espoir.
Tenez-vous à bien vous conduire ?
Songez que le soleil, que le matin voit luire.
Peut disparaître avant le soir.
“Le jeune Homme et l’Hirondelle”