Un Jeune Homme allait moissonnant
Les fleurs de son jardin. Vous en eussiez pris une ;
Il les cueillit toutes, pensant
Qu’on n’est jamais trop riche en plaisir et fortune.
Portons-les vite à la maison,
Dit-il ; je vais avoir le printemps dans ma chambre.
Je suis déjà pourvu de violette et d’ambre ;
J’aurai des odeurs à foison.
Sitôt dit, sitôt fait. Mon jeune homme peu sage
Met des Roses par-ci, met des Roses par-là,
Des Roses dans son lit, sur sa table ; et voilà
De parfums un épais nuage
Qui se répand partout. La nuit vient, il s’endort,
Volets fermés et portes closes.
Le lendemain parut : las ! on le trouva mort,
Suffoqué par toutes ces roses.
Les plaisirs sont comme ces fleurs
Qui charment l’odorat et plaisent à la vue.
Mais il n’en faut pas trop savourer les douceurs :
Leur excès enivre et nous tue.
“Le Jeune Homme et les Roses “