Jean-Jacques Porchat-Bressenel
L’héritier présomptif du roi des animaux
Fut placé par son père au fond d’une province.
Là quelques fidèles chameaux
Aux solides vertus formaient le jeune prince.
Que ne promettait pas un si rare trésor!
Il devait au Barca ramener l’âge d’or.
Le monarque, son père, instruit de sa sagesse,
Disait : C’est bien mon sang, et pleurait de tendresse.
Un jour sur le prince royal
Un tigre furieux s’élance.
Le lionceau fit peu de résistance:
Le combat n’était pas égal.
Il tomba sous les yeux de ses maîtres timides.
Soudain un singe aux pieds rapides
Traverse la Libye en courant nuit et jour,
Et, trempé de sueur et couvert de poussière,
Avant l’aube arrive à la cour :
Ah! seigneur, ouvrez la paupière!
Vous n’avez plus de fils; mes yeux l’ont vu périr.
Un tigre a fait le coup. Moi, toujours plein de zèle,
Porteur de la triste nouvelle,
Comme le vent j’ai su courir.
Le monarque frémit. Messager détestable!
Dit-il, fuis ma présence, ou tremble pour tes jours.
Qui te pressait? Sans ton cruel secours,
J’eusse été plus tard misérable.
“Le Jeune Lion”
- Jean-Jacques Porchat-Bressenel 1800 – 1864