Jean-Jacques François Marin Boisard, est un fabuliste français très méconnu de nos jours . Il a écrit pourtant plus de mille fables.
Après la Révolution il tomba dans l’oubli. Boisard fut secrétaire de l’intendance de Normandie depuis 1768 lorsqu’il fut nommé secrétaire du conseil des Finances du comte de Provence en 1768, ensuite il fut secrétaire du sceau et de la chancellerie du comte de Provence de 1778 à 1790.
Il termina sa vie dans l’oubli malheureusement, il faut reconnaître qu’après La Fontaine il ne restait plus de place aux autres fabulistes.
Une de ses fables ” La cigale et la Fourmi ” bien écrite, est très ressemblante à une parodie de celle de La Fontaine , avec une morale assez déroutante.
Quelques unes de ses fables sont pourtant très intéressantes, pleines de finesse et d’agrément; il met en scène des animaux ( comme son illustre prédécesseur) , mais se laisse aller trop souvent à la satire.
FABLES :
- Le Loup et l’agneau
- L’Enfant et l’Abeille
- Le Rossignol et le Coucou
- La Vigne et l’Ormeau
- L’Aiglon et le Corbeau
- L’Alouette et ses Petits
- Le Lièvre et la Tortue
- Les Araignées
- Le Chien et le Chat
- Le Cochet et l’Huitre
- Les Gluaux
- Le Ver à soie et le Ver de Terre
- le Rat des champs et le Rat d’eau
- Les deux Mulots
- L’Eléphant et le Rat
- Les Dieux d’Egypte
- Le Souriceau
- Le Chien et le Bouc
- La Pêche
- Le Perroquet et le Hibou
- Le Mendiant et le Dogue
- Le Chat des Indes
- Le Coq et l’ Oison
- L’Homme et l’Âne
- Le Singe à la Cour
- L’Enfant et le Moineau
- La fauvette en cage
- Les Agneaux et les Louveteaux orphelins
- Le Chêne et le Tilleul
- Le jeune Renard
- Le Zèbre
- L’Araignée et le Ver à soie
- La Brebis et le Chien
- La Rose, le Bouton et le Jardinier
- La Poule bien-aimée
- La Brebis et l’Agneau
- Le Vieillard et l’Idole
- L’Histoire
- Le Singe, l’Âne et la Taupe
- La Flèche
Littérature et Critique sur Les fables de M. Boisard.
On se plaint depuis long-temps, que le genre de la fable est trop négligé parmi nous. On regrette cette espèce destruction si ingénieuse et si aimable, qui repose si doucement l’esprit en l’éclairant, et qui, pour me servir des expressions heureuses que M. de Voltaire emploie pour un autre objet,
Dans notre cœur pénètre pas à pas,
Comme un jour doux dans des yeux délicats.
On ne se lasse point délire, de citer, d’admirer ce charmant fabuliste, conteur si plein de grâces, et grand poète sans jamais l’être trop, qui peut-être de tous les poètes du siècle dernier, est celui dont on a retenu le plus de vers, et qui de tous les écrivains était le plus heureusement né pour dire la vérité aux hommes, parce qu’il avait reçu de la nature cette simplicité , cette bonhomie, qui semble demander grâce à l’amour-propre, et ne lui laisse pas la force de se révolter. Voilà le caractère particulier de La Fontaine, caractère qu’on ne peut emprunter, et qui, dans l’apologue, est certainement le premier de tous, parce qu’il est le plus conforme au but de la fable, qui est de faire pardonner la vérité.
Mais plus on aime La Fontaine, plus il nous fait aimer la fable, et plus, sa perfection nous a rendus sévères pour tous ceux qui se sont essayés dans le même genre. Qu’est-il resté des Fables de Richer, de Pesselier, de Vergier, etc. ? Une douzaine de celles de La Motte est encore ce qu’on a publié de meilleur depuis La Fontaine. Les Fables de M. l’abbé Aubert, vantées dans plusieurs journaux , et surtout dans le sien, sont d’une insupportable sécheresse de style ; ce qui est le plus grand de tous les défauts dans un genre qui demande sur-tout de la grâce et de la douceur. Elles roulent presque toutes sur le même objet. C’est toujours l’amour maternel, ou le danger de la philosophie. Ce qui me persuade que ce jugement est celui du public, c’est que de ma vie, je n’ai entendu citer un vers des Fables de M. l’abbé Aubert. Malheur à tout écrivain que personne n’a jamais cité, ni critiqué!
Plusieurs des Fables de M. Boisard peuvent figurer à côté des meilleures qu’on ait faites depuis La Fontaine. On y trouve du naturel, de la précision, un très-grand sens, et jamais d’affectation; mais le défaut du plus grand nombre est une moralité vague et trop commune.
L’auteur est très capable de composer en ce genre un recueil très-estimable, en revoyant ce qui peut être corrigé y et supprimant ce qui n’est pas digne du reste. On doit l’exhorter surtout à donner beaucoup de soin à la fin de ses apologues. C’est par-là qu’il pèche le plus communément, et c’est pourtant le travail le plus essentiel.
- Laharpe. Mercure, avril 1773.