Bruno Van Hollebeke
Analyses des fables – Le Laboureur et ses Enfants
Etudes littéraires sur Le Laboureur et ses Enfants – B. Van Hollebeke, 1855
- Le Laboureur et ses Enfants.
Travaillez, prenez de la peine ;
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents :
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit; mais un peu de courage
Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’oût 1 :
Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le père mort, les fils vous retournent le champ,
Deçà, delà, partout 2; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de caché 3. Mais le père fut sage
De leur montrer, avant sa mort,
Que le travail est un trésor 4,
1 – l’oût, vieux mot dont on se sert dans quelques provinces, pour dire la moisson, parce qu’elle se fait dans le mois d’Août. On disait même autrefois un aoûsteron pour un moissonneur. (Walckenaer.)
2 – Deçà, delà, partout. Locution commune mais vive que La Fontaine affectionne. Fab. 6. liv. V, il dit :
Deçà, delà,….
3 – Remarquez celte tournure, bien plus énergique que si l’on disait : point d’argent caché.
4 – Cette fable est une de celles qui offrent une morale toute positive et d’une grande importance; et à ce point de vue elle mérite une attention particulière.