Dans un bois solitaire, à l’abri des autans,
Vivait gentil lapin, d’une industrie extrême ;
Il était doux, actif, ami des plus constants,
Eh ! Ce n’était pas là, sa qualité suprême !
Partout de ses bienfaits on signalait le prix :
Il était de bon cœur, comme un lapin peut l’être ;
Des hôtes ses voisins c’était le vrai phénix,
Avec amour partout on le voyait paraître ;
» Maints revenus puissants satisfont le bon cœur
» Qui se plaît au travail, sait braver les fatigues ;
Ainsi parlait lapin soit son goût, soit, honneur,
Accueillant tant d’amis qu’il en est aux prodigues.
Cela dura longtemps, jusqu’à ce que son bien,
A force de bienfaits se trouvât mis au large.
Plus de fêtes dès-lors, car il n’avait plus rien ,
S’il goûta du plaisir, il lui fut bien à charge ;
Car tous ses grands amis, tirant de leur côté,
Quittent pauvre lapin, l’abandonnent, le laissent:
Et que faire en tel gît, être ainsi rebuté…
Toujours dans le malheur, les flatteurs vous délaissent.
“Le Lapin prodigue et ses Amis”