Un homme dit un jour à sa femme : « Va mettre un bât sur l’âne, avec une marmite de lait dans un panier, tu y ajouteras des figues et du pain ». L’âne partit et rencontra le chacal qui pleurait. « Que t’est-il arrivé? » lui demanda-t-il. « Je me suis fait mal à la patte. » L’âne reprit : a Si tu ne veux pas me tromper, je te porterai. » Le chacal monta sur lui, prit la marmite de lait et la but : une goutte tomba sur les oreilles de l’âne, Tu me trahis, dit celui-ci : c’est le dîner des travailleurs. Le chacal répondit : « Sans doute, mon pied suppure et il sera tombé une goutte, » puis il mangea le pain. L’âne en reçut une miette sur les oreilles et dit encore : Tu me trompes, c’est la nourriture des travailleurs. »
— « Assurément,
répondit le chacal, c’est une croûte desséchée que j’ai cassée, » puis il mangea les figues. La queue d’une d’elles tomba sur l’oreille de l’âne qui dit pour la troisième fois : « Tu me trompes, c’est le dîner des travailleurs. » Le chacal répondit : « C’est une autre croûte que j’ai enlevée. » Quand l’âne arriva à son but, le lait, les figues et le pain avaient disparu. Le chacal sauta à terre dès qu’il rencontra une crête et dit : « Âne, je t’ai-joué un tour.»
Note sur le conte par René Basset :
Traduit du manuscrit n° 17, fonds berbère, de la Bibliothèque nationale. Le texte zouaoua est inédit. Le Lièvre et l’Homme.